Agathe Troussel

Le plaisir des couleurs

| Réfugiée au calme d’une petite salle de l’atelier 101 Degrés à Lyon, Agathe a pris le temps de répondre à mes questions. C’est dans ce coworking autogéré de la Croix Rousse qu’elle travaille actuellement comme directrice artistique et illustratrice au côté d’autres freelances.  

On ne peut pas dire que l’illustration soit arrivée par hasard dans la vie d’Agathe. Fille de l’illustratrice jeunesse Pascale Wirth, elle est attirée dès son plus jeune âge par le dessin. « En regardant ma mère dessiner, je me disais que je n’avais pas envie de travailler, je voulais dessiner » confie-t-elle. Mère et fille dessinent côte à côte et l’enthousiasme de sa maman pour ses premiers dessins lui donne le goût de la création artistique. Pourtant quelques années plus tard, alors qu’Agathe commence ses études, sa mère confrontée à la difficulté de ce métier, la dissuade de s’engager dans cette voie. Elle s’oriente alors vers le graphisme et y prend goût à l’EPSAA, l’école de communication visuelle de la ville de Paris.  

« En regardant ma mère dessiner, je me disais que je n’avais pas envie de travailler, je voulais dessiner. »

Agathe Troussel – mai 2021

À Paris elle fait ses premières armes dans l’agence de design Brandimage. Elle y travaille l’identité de marque et l’identité visuelle pour de grandes entreprises. Au retour d’un voyage de deux ans, elle commence une carrière en tant que freelance. Mais c’est seulement en 2019 que l’illustration reprend une place dans sa vie. Un jour, sa voisine de coworking, Lena Piroux, lui prête son Ipad Pro. C’est le coup de cœur. Elle s’équipe à son tour et commence à dessiner ses premiers projets professionnels en tant qu’illustratrice.

Un style naif et pétillant

Son dessin très coloré est imprégné des illustrations des années 50-60 qu’elle apprécie particulièrement. Elle fait référence aux affichistes du siècle dernier, à Raymond Savignac et ses affiches de Trouville, à Sempé et ses personnages touchants. Ses inspirations vont de Christian Robinson, illustrateur américain contemporain à Matisse aux couleurs éclatantes en passant par les illustratrices françaises comme Eglantine Ceulemans, Emilie Ettori, Charlotte Molas. Si le dessin d’Agathe s’inscrit dans cet héritage, elle confesse ne pas rechercher absolument un style : « J’ai l’impression que je n’ai pas encore trouvé ce que j’ai envie de faire. Je ne me contrains pas à une technique particulière, au dessin filaire ou aux pastels par exemple. Tout reste ouvert. Au début j’étais obsédée à l’idée de trouver un style. Aujourd’hui, à chaque fois que je choisis un style, je me sens bridée dans ma liberté.»

En mars 2020, au cours du premier confinement, elle réalise sa « playlist dessinée », une petite série d’illustration qui reprend des tubes musicaux emblématiques. On y retrouve les magnifiques chanteurs maliens Amadou & Mariam, les Jackson five, Stromae, Sœur Sourire (Je confesse que cette collection est mon petit coup de cœur). Lorsqu’on lui demande quel est le travail dont elle est le plus fière, c’est vers ses premiers carnets de voyage qu’elle se tourne. « C’est ce qui est le plus naturel pour moi. Tu dessines directement sur un papier. Je n’ai jamais réussi à avoir autant de liberté qu’en faisant cela. D’habitude, je n’arrive pas à aimer mes dessins longtemps. Mais ces carnets je les aime bien depuis déjà dix ans.» me confie-t-elle.  

« Au début j’étais obsédée à l’idée de trouver un style. Aujourd’hui, à chaque fois que je choisis un style, je me sens bridée dans ma liberté. »

Agathe Troussel – mai 2021

Agathe travaille sur Ipad Pro avec le logiciel Procreate. Bien que la technique soit numérique, elle s’amuse à retrouver le rendu des techniques traditionnelles. « Je mets une réserve blanche et je décale un petit peu le calque comme si la couleur n’était pas tombée au bon endroit. Cela donne un effet sérigraphie. Chaque couleur est séparée par calque. Je travaille avec un dessin à la ligne au début. C’est ce qui prend le plus de temps. » Si sa technique se rapproche de la sérigraphie, elle reconnaît n’avoir encore jamais eu l’occasion de travailler avec ce procédé. C’est un des rêves qu’elle n’a pas encore réalisés.

« Ces patineurs sont parmi mes préférés. Je les ai dessinés la veille de mon accouchement. Je me suis dit, c’est mon dernier dessin et après j’arrête. J’ai terminé à 23h. Le lendemain, j’accouchais. »

Aujourd’hui, elle collabore en illustration pour la marque de produits de soins et d’hygiènes Respire et pour le journal Le Particulier. Elle est maintenant représentée par l’agence parisienne Monica Velours.


Ses inspirations

Raymond Savignac, Jean-Jacques Sempé, Christian Robinson, Charlotte Molas, Vriginie Morgan, Henri Matisse


Ses outils

Ipad Pro + Procreate


Où la retrouver ?

Son site | agathetroussqel.com
Insta | @agathetroussel

Je suis Aloïs Marignane, artiste illustrateur français. Je suis heureux de partager avec vous cet échange avec un(e) autre artiste.

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