Comment débuter à la gouache ? (1/5)

Trouver le bon etat d'esprit pour commencer la gouache

Pour tout vous dire, je ne me sens pas tout à fait légitime pour écrire cet article “Comment débuter à la gouache ?” puisque je n’ai commencé moi-même qu’en septembre 2022. Autant dire que c’était hier. Cependant, et ça compte, j’ai peint à la gouache avec beaucoup d’entrain entre…. disons, mes 3 à 6 ans. Il paraît que ce sont des années décisives !

L’état d’esprit

Après tout si on aime une chose, il n’y a pas besoin d’avoir pratiqué 15 ans pour commencer à la partager. On peut déjà transmettre ses premières impressions et quelques conseils. Si vous aimez la créativité, si vous avez dessiné dans la marge de vos cahiers ou si vous gribouillez encore en réunion mais n’arrivez pas à trouver l’élan intérieur pour vous lancer, je vous propose un petit coup de pouce. Disons que l’on va se donner ensemble durant ces 5 épisodes, un cadre pour nous autoriser à nous tromper. Nous allons peindre. Peu importe le résultat. Peu importe le sujet. Disons, qu’il n’y aura pas vraiment de bons ou de mauvais dessins. Il n’y aura qu’un unique chemin ininterrompu d’essais et de progressions.

trouver le plaisir simple de produire quelque chose par vous même, personne ne vous l’interdit.

Dans la peau de l’artiste

Dans ce premier épisode, adoptons le regard du créateur. Pas besoin d’un atelier, d’expérience ou de je ne sais quel matériel pour cela. Plus d’excuses pour ne pas commencer.

Vous êtes à votre bureau, dans le métro, chez vous. Maintenant, levez la tête. Regardez les couleurs autour de vous. Regardez cette couleur qui domine. Arrivez-vous à en nommer une ? Regardez les personnes qui marchent. Choisissez en une en particulier. Prêtez un peu plus attention à son attitude. Comment est-elle habillée ? Quelle est sa démarche ? Quelle est son expression ? Elle est heureuse. Elle est malheureuse.

Observez ce qui est le plus proche de vous, ce qui s’impose à vous juste ici : cet objet, cette forme.

Maintenant, portez votre regard au loin. Balayez l’horizon. Trouvez ce point qui est le plus éloigné de vous. Où se trouve-t-il ? Vous l’avez. Fixez-le 5-10 secondes. Voyez-vous un peu comment ce point lointain joue avec ce détail tout proche. Que voyez-vous ? Une perspective qui se dégage ? Un contraste de couleur. Un jeu de flou et de net.

il n’y a pas vraiment de bons ou de mauvais dessins. Il n’y a qu’un unique chemin ininterrompu d’essais et de progressions

Vous voyez que vous n’avez pas besoin d’un pinceau pour peindre. Vous êtes déjà en train de peindre. En réalité, le travail de peinture n’est qu’une petite partie du processus. Votre travail de création se déroule dans votre quotidien, à votre insu. Des quantités d’œuvres se muent sous vos yeux et c’est à vous d’y prêter un peu d’attention pour les laisser se déposer dans votre mémoire et qu’elles s’y figent. Sans quoi, les splendeurs journalières vous glissent sur la peau sans rien effectuer en vous.

On pense à tord qu’il existerait une catégorie de personnes douées, comme prédestinées à un travail artistique qui seraient les seules légitimes et « autorisées » à peindre. Il y aurait les autres personnes. Et entre ces deux mondes : une autoroute à 8 voies, infranchissable. Il faudrait avoir fait des études d’art ou au moins être inscrit à un cours du soir pour toucher un pinceau. Alors oui, c’est vrai. Pour acquérir une technique, il faut travailler, beaucoup travailler. Mais pour peindre, simplement peindre, expérimenter, essayer, s’autoriser à créer, trouver le plaisir s’imple de produire quelque chose par soi-même, personne ne vous l’interdit. Il n’y a que vous pour vous l’interdire.

Peut-être est-ce le souvenir des heures d’art plastique, la notation à l’école ou l’exigence de toujours faire quelque chose « d’utile » qui nous paralyse. Quand j’avais 4 ou 5 ans, ma mère reprenait des études d’arts. Elle aurait voulu en faire avant mais ce n’est que passé 30 ans qu’elle a osé le faire. Elle s’installait à sa table et peignait. Quelques centimètres plus bas, sur une table blanche en plastique je faisais la même chose. J’ai rempli durant cette période des quantités incroyables de doubles pages colorées sans analyse, sans aucune arrière pensée sur ce que j’étais en train de faire. Cette curiosité naïve disparaît à mesure que grandit la volonté de « bien faire ». Avec le temps, on gagne en assurance et en technique mais ce n’est pas pour autant que l’on ne doute pas de ce que l’on fait et on perd surtout une chose essentielle : l’insouciance absolue de mal faire.

Peut-être est-ce l’exigence de toujours faire quelque chose « d’utile » qui nous paralyse.

Il me semble que les grands artistes font tous à un moment donné ce chemin en passant de l’innocence primitive à la maîtrise, de la maîtrise à la technique, de la technique à l’excellence et enfin ils atteignent cet état magique où l’excellence se combine à l’innocence primitive. C’est à mon avis à ce moment qu’ils sont absolument géniaux et produisent les œuvres qui vont perdurer dans le temps. C’est ce que j’aimerais que nous fassions ensemble. Non pas d’arriver à ce dernier état mais d’oser simplement le premier : l’innocence primitive. Ce premier état, on peut le redécouvrir à tout âge.

Prêtons nous à un petit jeu

Durant la prochaine session, nous allons nous pencher sur les matériaux. Avant de nous lancer pour de bon, je vous propose de nous amuser un peu avec un exercice.

  • Choisissez un moment dans votre journée où vous êtes un peu détendu(e). Cela peut-être pendant votre petit-déjeuner, durant votre trajet du matin, pendant une pause. Ce que vous voulez.
  • Imaginez que vous êtes un très vieux appareil photo argentique calé sur un pied. Vous voyez dans les films quand le monsieur est caché sous un voile noir, le bras levé et crie « attention, on ne bouge plus ». C’est parce que l’appareil photo argentique a besoin d’un très long temps d’exposition pour que la lumière vienne imprégner le sujet sur la pellicule photosensible. Et l’image apparaît peu à peu. Vous êtes cet appareil !

  • Choisissez votre cadre. Pouf. Vous ne bougez plus. Le monde tourne autour de vous, les gens passent, vous entendez du bruit, des sons. Plus rien ne peut vous distraire. Vous êtes focalisé(e) dans une unique direction et vous laissez la scène s’imprégner en vous, le cadrage, les couleurs, les formes, les détails.

Choisissez le créneau le plus adapté pour vous et offrez-vous de ce petit temps chaque jour ou à au moins 1 ou 2 moments dans votre semaine. Cela ne coûte pas très cher mais ce sera précieux pour la suite.

À bientôt au prochain épisode pour découvrir le matériel !

Je suis Aloïs Marignane, artiste illustrateur français. Vous pouvez suivre mon travail sur Linkedin et Instagram.

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